Toulouse, Tolosa
Claude Nougaro, est un auteur compositeur-interprète dont l’univers musical a été très marqué par le jazz, puis par la musique brésilienne. Né en 1929 à Toulouse, fils d’un chanteur d’opéra, il monte à Paris et écrit des chansons pour d’autres avant de décider de chanter lui-même ses œuvres. Le Jazz, la Java, Tu verras, Ile de Ré, Armstrong, Toulouse ou Petit taureau connaissent de grands succès. Déçu par sa maison de disques, il part pour New-York dont il revient avec un disque autofinancé, Nougayork qui connaît un succès retentissant. Trapu, avec une gestuelle imprécise, il évoque un peu un boxeur, et chacun de ses récitals est mené comme un combat. Sa voix riche, son sens du phrasé et du rythme en font un interprète efficace qui sert parfaitement ses textes. Car Nougaro est d’abord un poète qui joue des allitérations, des images, qui jongle avec des mots.
Claude Nougaro

Qu’il est loin mon pays, qu’il est loin
Parfois au fond de moi se raniment
L’eau verte du canal du Midi
Et la brique rouge des Minimes

O moun païs, ô Toulouse, ô Toulouse

Claude Nougaro

Je reprends l’avenue vers l’école
Mon cartable est bourré de coups de poing
Ici, si tu cognes, tu cagnes
Ici, même les mémés aiment la castagne

O moun païs, ô Toulouse

Un torrent de cailloux roule dans ton accent
Ta violence bouillone jusque dans tes violettes
On se traite de con à peine qu’on se traite
Il y a de l’orage dans l’air et pourtant

L’église Saint-Sernin illumine le soir
Une fleur de corail que le soleil arrose
C’est peut-être pour ça malgré ton rouge et noir
C’est peut-être pour ça qu’on te dit Ville Rose

Je revois ton pavé, ô ma cité gasconne
Ton trottoir éventré sur les tuyaux du gaz
Est-ce l’Espagne en toi qui pousse un peu sa corne
Ou serait-ce dans tes tripes une bulle de jazz ?

Voici le Capitole, j’y arrête mes pas
Les tenors enrhumés tremblent sous leurs ventouses
J’entends encore l’écho de la voix de papa
C’était en ce temps-là mon seul chanteur de blues

Aujourd’hui, tes buildings grimpent haut
A Blagnac, tes avions sont plus beaux
Si l’un me ramène sur cette ville
Pourrai-je encore y revoir ma pincée de tuiles

O moun païs, ô Toulouse, ô Toulouse !