Occitanie

Ernest Fornairon,
Le Mystère cathare, Collection Homo Sapiens, Flammarion, Paris, 1964
Les grands occitans
Le Mystère cathare

L’ouvrage, par ailleurs fort agréable à lire, se présente comme une présentation objective, dépouillée du romantisme légendaire qui a défiguré cette expérience unique: le catharisme. Il s’articule autour d’une longue introduction qui plante le décor historique et social, d’une première partie présentant la doctrine cathare et enfin une deuxième partie qui raconte l’histoire même de la Croisade.
L’ensemble est pertinent quoique nuancé par deux points, le premier accessoire, le second plus dérangeant. Il est tout d’abord difficile d’extraire une synthèse simple de la partie traitant de la doctrine cathare; mais peut-être est-ce finalement imputable au fait que nous ne disposons que peu d’élements pour décrire cette doctrine. 
Ensuite et surtout, le lecteur sans parti pris, peut-être parfois surpris par certaines remarques à l’emporte pièce de l’auteur. Ce dernier, en effet, par souci de reconstituer une vérité objective déformée par les occitanistes les plus militants en arrive à exprimer des poncifs non dénués de condescendance envers les Méridionaux.
Ainsi, pour Fornairon, le catharisme n’a jamais pu être une religion populaire, « car ses préceptes différaient trop des conceptions et des habitudes du peuple, et étaient trop peu conformes à la mollesse, à la nonchalence et à la sensualité méridionale. »
Décrivant Géralda de Montréal-Laurac, veuve du seigneur de Lavaur, il écrit: « Géralda était une châtelaine aimable, intelligente, probablement jolie selon les canons de la beauté féminine des régions méridionales, un peu hommasse, assez duvetée, avec de lourdes tresses brunes, des yeux noirs d’un brillant d’anthracite, un regard langoureux, et somme toute assez peu distinguée (...)».
Sur l’issue de la Croisade, il conclut: « la victoire de Rome et de la France était inévitable, les indigènes du Languedoc, en dépit de leur hérédité latine, n’étant pas des émanations de Germanicus, de Marius et de César. »
Enfin, à trop vouloir critiquer la légende occitaniste de la Croisade, il plonge alors dans l’excès inverse. Ainsi les troubadours n’ont pu jouer le rôle qu’on leur prête dans la diffusion de l’hérésie en Languedoc. Ce serait en effet surestimer l’importance de ces « ratés », ces « truands si perfectionnés » uniquement soucieux « de ripailler, de godailler, de se goberger et de trouver à bon compte, payés par quelques facéties, tours d’adresse et autres chansons, bon couvert, bon gîte et... le reste ».
Il serait injuste de résumer le livre à ces quelques citations. Mais malgré la très bonne qualité de l’ensemble, il est difficile d’en faire complètement abstraction.

JCLDB