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Le Mystère cathare
L’ouvrage, par ailleurs fort agréable à lire, se présente
comme une présentation objective, dépouillée du romantisme
légendaire qui a défiguré cette expérience
unique: le catharisme. Il s’articule autour d’une longue introduction qui
plante le décor historique et social, d’une première partie
présentant la doctrine cathare et enfin une deuxième partie
qui raconte l’histoire même de la Croisade.
L’ensemble est pertinent quoique nuancé par deux points, le
premier accessoire, le second plus dérangeant. Il est tout d’abord
difficile d’extraire une synthèse simple de la partie traitant de
la doctrine cathare; mais peut-être est-ce finalement imputable au
fait que nous ne disposons que peu d’élements pour décrire
cette doctrine.
Ensuite et surtout, le lecteur sans parti pris, peut-être parfois
surpris par certaines remarques à l’emporte pièce de l’auteur.
Ce dernier, en effet, par souci de reconstituer une vérité
objective déformée par les occitanistes les plus militants
en arrive à exprimer des poncifs non dénués de condescendance
envers les Méridionaux.
Ainsi, pour Fornairon, le catharisme n’a jamais pu être une religion
populaire, « car ses préceptes différaient trop des
conceptions et des habitudes du peuple, et étaient trop peu conformes
à la mollesse, à la nonchalence et à la sensualité
méridionale. »
Décrivant Géralda de Montréal-Laurac, veuve du
seigneur de Lavaur, il écrit: « Géralda était
une châtelaine aimable, intelligente, probablement jolie selon les
canons de la beauté féminine des régions méridionales,
un peu hommasse, assez duvetée, avec de lourdes tresses brunes,
des yeux noirs d’un brillant d’anthracite, un regard langoureux, et somme
toute assez peu distinguée (...)».
Sur l’issue de la Croisade, il conclut: « la victoire de Rome
et de la France était inévitable, les indigènes du
Languedoc, en dépit de leur hérédité latine,
n’étant pas des émanations de Germanicus, de Marius et de
César. »
Enfin, à trop vouloir critiquer la légende occitaniste
de la Croisade, il plonge alors dans l’excès inverse. Ainsi les
troubadours n’ont pu jouer le rôle qu’on leur prête dans la
diffusion de l’hérésie en Languedoc. Ce serait en effet surestimer
l’importance de ces « ratés », ces « truands si
perfectionnés » uniquement soucieux « de ripailler,
de godailler, de se goberger et de trouver à bon compte, payés
par quelques facéties, tours d’adresse et autres chansons, bon couvert,
bon gîte et... le reste ».
Il serait injuste de résumer le livre à ces quelques
citations. Mais malgré la très bonne qualité de l’ensemble,
il est difficile d’en faire complètement abstraction.
JCLDB
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